Un après-midi de canicule, je somnole, bien calée sur la terrasse d'Himaro qui fait face à la montagne. Philippa m'apporte un sirop de griotte glacé et me met un livre entre les mains. Je le feuillette et tombe sur le mythe d'Oreste.
Oreste est dans de beaux draps. Sa mère Clytemnestre vient d’assassiner son père Agamemnon. La tradition exige qu’un fils venge son père, mais tuer sa mère est le crime le plus odieux qui soit. Poussé par un oracle et par sa sœur Électre, il finit par commettre le matricide.
Outrés, les dieux le condamnent à être poursuivi par des déesses démoniaques, les Érinyes. Elles le hantent, l’accablent sans cesse d’invectives et de paroles perfides. Elles lui rongent la cervelle. Oreste ne connaît plus de repos et devient associable. Fuyant la compagnie de ses semblables, il part pour un long voyage. Mais peu importe où il va, les Érinyes sont toujours là.
Des années plus tard, Oreste est de retour à Athènes. Il demande à être entendu par l’assemblée des citoyens pour être amnistié. Apollon apparaît pour prendre sa défense, soulignant que les dieux ont incité ce crime par le biais de l’oracle. Oreste remercie Apollon et les dieux pour leur franchise, mais tient à assumer l’entière responsabilité de son acte. Ce ne sont ni les dieux, ni sa sœur qui ont tué sa mère, mais bien lui-même. Personne n'a fait le choix à sa place.
Les dieux et les hommes sont impressionnés par l’aplomb et l’honnêteté d’Oreste. Il est absous de son crime et les Érinyes se transforment en Euménides, des déesses bienveillantes qui lui serviront désormais de guides.
Se confronter à soi-même, c’est essentiel.
Assumer ses actes et ses choix, aussi.