Ce soir, le hasard nous a offert une belle rencontre sur la terrasse d'un petit café de Halki.
Mauricio est italien, il a 63 ans. Huit ans plus tôt, il a ouvert un restaurant dans ce village,
appelé "il basilico". Il avait peu d'expérience en la matière, mais rapidement son établissement
est devenu une des meilleures tables de Naxos. Aujourd'hui, rattrapé par la crise, les dettes
et la fatigue, il remet tout en question. Il nous invite, et nous passons la soirée à discuter
en buvant les bouteilles de sa cave.
Ses amis l'appellent "l'arête de poisson". Il a voyagé en Inde dans les années 70, a vécu à Medellin
en Colombie il y a vingt ans, et je ne sais plus quoi d'autre. Il parle italien, anglais, espagnol,
grec, français, portugais, je ne sais plus quoi d'autre. Il écrit, il peint, il pense rentrer en Italie
pour rédiger une méthode de traduction de l'italien au grec ancien. Il est dans une situation financière
où il peut tout perdre, mais il pense que perdre son bien, c'est aussi gagner une forme de liberté.