10/08/2019 12:00

Le quartier des abattoirs s’appelait Packington, il était situé au sud de l’actuel Bridgeport. À la fin du XIXe siècle, on y tuait plus de 30 000 bestiaux par jour. L’Union Stock Yard était la plus grosse production mondiale de viande.

25 000 ouvriers, hommes, femmes et enfants, venaient tuer, dépecer et mettre en boîte dans des locaux insalubres. Les conditions de travail étaient si rudes qu’il était difficile de survivre plus de cinq ans à certains postes.

En écrivant La Jungle, Upton Sinclair voulait dénoncer cette souffrance. Son récit est publié en 1905 sous forme de feuilletons dans l’hebdomadaire socialiste Appeal to Reason. Le récit provoque un vrai scandale, mais les lecteurs sont surtout choqués de découvrir le contenu de leurs boîte de corned beef. «Je visais le cœur du public et, par accident, je l’ai frappé à l’estomac.» dira plus tard Upton Sinclair. Il faut dire que les méthodes de préparations alimentaires étaient terrifiantes.

Quand la viande était avariée, on la hachait, la désinfectait à l’ammoniaque, puis on y ajoutait des colorants et des saveurs artificielles avant de la fourrer dans les saucisses. En fin de journée, on raclait le sol des abattoir, ramassait des miettes de viandes mêlées aux produits chimiques, et là encore, on envoyait le tout dans les préparations cuisinées. Régulièrement, des ouvriers glissaient dans les cuves et passaient dans les boites de conserves.

L’ampleur du scandale provoqué par La Jungle pousse le président Roosevelt à engager une commission d’enquête sur les conditions de travail dans l’industrie de la viande. Il mène alors les premières réformes sur le droit du travail et la réglementation de la production alimentaire.

Quand les géants de l’alimentaire ont pour seul objectif la croissance de leur chiffre d’affaire, la santé publique est en danger. Personne n’a oublié le scandale de la vache folle. Le devoir des politiques est de défendre la population en contrôlant la qualité de la nourriture produite en usine et les conditions de travail des ouvriers, les deux étant liés.

Homme marchant sur les dépôts de graisse et de poils charriés par la rivière longeant Packington.