30/03/2017 12:00
 
 
 
La villa Grimaldi est un lieu étrange, qui conjugue le charme d’un jardin botanique avec les pires horreurs de la dictature. Ancien lieu de réception avec une piscine et une roseraie, il est réquisitionné après le coup d’État pour torturer les prisonniers.
Des cabanons d’un mètre sur deux sont construits dans un baraquement au fond du parc. Les militaires y entassent jusqu’à cinq détenus. « Quand l’un de nous venait de se faire tabasser, on se mettait sur le bout des pieds pour lui laisser la place de s’asseoir. »
Dessins de Miguel Lawner, ancien détenu de la Villa Grimaldi
 
« Parfois, dit Renato, on entendait les enfants des militaires rire dans le jardin. Ils invitaient leur famille pour le week-end. C’était absurde. Un jour, j’étais attaché sur le lit en métal, je prenais des coups de jus, et d’un coup le militaire s’est arrêté : il venait de voir qu’il était 16 heures, il fallait qu’il fasse les courses de Noël. Moi j’étais là, étendu, et je me disais "ce mec me grille machinalement, comme on trie un dossier…" La folie. »
Dans une des salles, les photos des bourreaux sont rassemblées sur un grand panneau. Je fixe attentivement le portrait d’une femme qui me met mal à l’aise. « Ah oui, dit Cococho, cette femme était vraiment perverse ! Elle avait entrainé ses chiens à violer des femmes. » Sérieusement ? Ils sont devenus quoi ces malades ? « Oh, ils vont pas si mal. Certains sont libres, d’autres sont à Punta Peuco, une prison confortable spécialement construite par l’armée, avec tennis et piscine. Ils se considèrent probablement encore comme des héros de guerre… »